Les visiteurs du soir : 26eme cinémas d’Ailleurs : l’Italie

En passant

Le lien sur le site des visiteurs du soir : http://lesvisiteursdusoir.com/node/1402.

Au programme, il y avait :

Ma sélection de film a été « Folles de Joie », « Banana », « Suburra ». Je n’ai pas été déçu pas ses trois films, chacun très bien dans son genre. Sachant que je décerne une mention spéciale à « Folles de Joie », un film plein de vie et deux fantastiques actrices (surtout Valeria Bruni-Tesdechi). Je conseille donc vivement ce film. Dès que j’ai vu l’affiche je me suis dit que cela devait être un remake de Thelma et Louise , mais c’était absolument pas le cas.

Julieta (2016) de Pedro Almodovar

C’est l’histoire d’une relation mère-fille, de non-dits. Le film commence par des non-dits entre la mère et l’ancienne meilleure amie de la fille (aussi bien l’une que l’autre), puis entre la mère et son nouvel ami. Au final, on saura quels sont les non-dits de la mère et de la fille.

Le film fait retour en arrière pour expliquer la genèse de ses non-dits. Il faut attendre la moitié du film afin de saisir toute l’histoire et se refaire le pulzze …

On comprend alors que la mère a du faire un choix entre poursuivre sa vie sans sa fille ou revenir sur ses traces afin que sa fille lui transmette un éventuel courrier à son ancienne adresse. J’ai adoré le personnage de « Rossy de Palma » (Marian), fait de méchanceté et de simplicité. On ne sait pas si c’est sa simplicité qui fait qu’elle est simplement maladroite.

Madrid est magnifiquement filmé, l’appartement près de la mer a une vue magnifique, le rouge est omniprésent, du grand Almodovar. Chez Almodovar les mères sont souvent présentes et les femmes sont à l’honneur (« Volver » par exemple). Et puis à la fin du film, on doit se faire sa propre conclusion. J’attends la votre 😉

Dans le même type : non-dits et relation mère-fille difficile,  Il y a aussi

Pour finir, dans le style sur une relation père-fille avec des non-dits, il y a « Une nouvelle chance » de Clint Eastwood.  Mais c’est pas le meilleur de Clint Eastwood, c’est même le pire 😉 .

L’avenir (2016) de Mia Hansen-Love

Difficile pour moi de parler de ce film, il parait que c’est une film de femme 😉 . Disons que c’est un film qui parle d’une liberté retrouvée. C’est l’histoire d’une prof de philosophie qui est prisonnière de sa vie et ses activités : son mari, ses enfants, son métier, ses livres qu’elle publie, sa mère. On la voit trotter dans Paris, avec panique. Ces scènes assez bien faites. Elle essaie de faire au mieux mais par moment ce n’est plus possible et il faut par exemple mettre sa mère en maison de retraite. On peut penser que cette mère envahit trop l’espace du couple, et on peut se demander si le fait de la mettre en maison de retraite avant n’aurait pas été plus salvateur pour le couple. La décision de mettre un parent en maison de retraite est un thème dur, et qui est abordé de façon partielle mais intéressante. A un moment, il va falloir mettre une limite entre sa vie et l’affection que l’on a pour ses parents.

La seconde partie du film, c’est la liberté retrouvée, sa mère meurt, son mari la quitte, les enfants sont grands, la maison d’édition ne veut plus d’elle. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle profite réellement de cette liberté, elle s’accroche au chat et donc à ses contraintes : le porter dans sa lourde malle,  ne pas le perdre,… alors qu’elle est elle-même allergique. Elle finira par couper ce dernier cordon, en donnant le chat. A noter quand même que c’est sa mère qui l’empêche le plus de vivre, elle est maniaco-dépressive.

Ce qui m’a troublé dans le film, c’est ce couple qui semble être sans amis alors qu’on imagine facilement l’existence de cercles de philosophe, dans cette histoire le couple semble seul dans leur travail. Pour moi, cela sonne faux surtout pour des philosophes.

Par contre j’ai bien aimé cette idée : la ville vs la campagne. La ville qui apporte un certain confort, au final une envie de vivre pour augmenter le confort.La campagne qui apporte une certaine sérénité, au final l’envie d’en profiter et de vivre du juste minimum en se posant les bonnes questions au fur et à mesure. Sans faire de l’anticipation des problèmes logistiques pour l’arrivée d’enfant par exemple.

J’ai noté la phrase « après 40 ans les femmes sont bonnes à jeter, plus personne ne veut de nous », j’ai trouvé que ce propos sonnait particulièrement faux dans la bouche d’une philosophe. Les femmes qui pensent cela, ce sont des femmes qui ont investi dans la beauté et la jeunesse. Comment une philosophe qui est une personne « sage » de nature a pu investir dans la la beauté ? Il n’y a qu’a voir comment elle vit sa rupture. « Ah tu me quittes ? C’est dommage j’aimais bien la maison à la Bretagne ». Quand on pense que l’on est bon a jeter, je pense c’est que l’on investi surtout dans la relation sexuelle. Voir pire que tous les hommes sont des cochons (on des DSK si vous préférez) et ne sont pas capables de partager du bonheur autre et des relations intellectuelles. Je trouve cela moyen pour une philosophe …

Au autre passage qui m’a énormément plu, quand elle est chez le curé. Elle fait un parallèle sans cesse entre la vie de sa mère et la vie que lui a construit sa mère. Sa mère a donc essayé de faire réaliser à sa fille ce que elle n’avait pas pu. En l’occurence c’était l’accès à la connaissance. Elle a donc fait en quelque sorte « une analyse ». Sauf que comment peut-elle dire « après 40 ans les femmes sont bonnes à jeter, plus personne ne veut de nous » alors que c’est exactement une phrase que pourrait dire sa mère. Car sa mère s’est construit dans le culte de la beauté : « ancien mannequin » …. finalement elle n’a pas encore fini son analyse. Elle va devoir retourner sur le divan 🙂 et sans DSK 😉

L’autre phrase que j’ai noté c’est quand elle a dit « je m’étais préparé a cette rupture ». Cela veux dire quoi se préparer à une rupture avec son conjoint ? Cela veut dire anticiper? Et donc moins aimer l’autre, et moins partager de chose … mais ce n’est pas cette « préparation » qui finit par provoquer la rupture. Pour moi il ne peut pas y avoir de préparation, si on aime une personne on lui montre tous les jours et de plus en plus. Cela n’a pas de sens pour moi. Le secret du couple c’est être heureux soit-même pour ensuite le transmettre à l’autre.

Un jour comme un autre (2015) par Fernando León de Aranoa

C’est un très bon film, le sujet de l’humanitaire ne prête pas à rire mais grâce à « B » et « Mambru » on passe du rire au drame quotidien. Certaines choses qui pourraient être anodines, comme chercher une corde deviennent de réelles missions (les missions: sortir le « gros » du puits, trouver une corde, trouver un ballon, contourner des vaches). Par moment on a la haine du système quand une fois cette fameuse corde trouvée, les militaires de l’ONU la coupent et prennent le reste. Et c’est aussi toujours ses mêmes militaires qui vont sauver in extremis un bus de prisonniers.

Le rire se mélange au drame humanitaire, et s’y greffe aussi une ancienne histoire d’amour. Le mélange est superbe, un message passe, la difficulté de l’humanitaire, son désarroi, sans que nous le vivions comme moralisateur. Et j’insiste sur le personnage de « B » qui est vraiment excellent, on ne sait pas si on rit de lui ou si on rit avec lui. On note aussi l’opposition entre Mambru qui est plutôt un humanitaire désabusé par le système et Sophie qui est nouvelle et pleine de conviction. Il est évident que le travail d’humanitaire fini par désabusé les personnes, leur travail doit parfois se transformer par celui de simple observateur car ils sont pris en tenaille par les gouvernements (et leurs lois) et les forces en présence.

Par moment quand on est vraiment désabusé du système le rire reste le meilleur remède, et je pleure déjà le départ du Petit Journal de Yann Barthès. C’était exactement cela faire rire avec des sujets sérieux !

En résumé : je vous conseille ce film une vrai comédie dramatique !