L’avenir (2016) de Mia Hansen-Love

Difficile pour moi de parler de ce film, il parait que c’est une film de femme 😉 . Disons que c’est un film qui parle d’une liberté retrouvée. C’est l’histoire d’une prof de philosophie qui est prisonnière de sa vie et ses activités : son mari, ses enfants, son métier, ses livres qu’elle publie, sa mère. On la voit trotter dans Paris, avec panique. Ces scènes assez bien faites. Elle essaie de faire au mieux mais par moment ce n’est plus possible et il faut par exemple mettre sa mère en maison de retraite. On peut penser que cette mère envahit trop l’espace du couple, et on peut se demander si le fait de la mettre en maison de retraite avant n’aurait pas été plus salvateur pour le couple. La décision de mettre un parent en maison de retraite est un thème dur, et qui est abordé de façon partielle mais intéressante. A un moment, il va falloir mettre une limite entre sa vie et l’affection que l’on a pour ses parents.

La seconde partie du film, c’est la liberté retrouvée, sa mère meurt, son mari la quitte, les enfants sont grands, la maison d’édition ne veut plus d’elle. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle profite réellement de cette liberté, elle s’accroche au chat et donc à ses contraintes : le porter dans sa lourde malle,  ne pas le perdre,… alors qu’elle est elle-même allergique. Elle finira par couper ce dernier cordon, en donnant le chat. A noter quand même que c’est sa mère qui l’empêche le plus de vivre, elle est maniaco-dépressive.

Ce qui m’a troublé dans le film, c’est ce couple qui semble être sans amis alors qu’on imagine facilement l’existence de cercles de philosophe, dans cette histoire le couple semble seul dans leur travail. Pour moi, cela sonne faux surtout pour des philosophes.

Par contre j’ai bien aimé cette idée : la ville vs la campagne. La ville qui apporte un certain confort, au final une envie de vivre pour augmenter le confort.La campagne qui apporte une certaine sérénité, au final l’envie d’en profiter et de vivre du juste minimum en se posant les bonnes questions au fur et à mesure. Sans faire de l’anticipation des problèmes logistiques pour l’arrivée d’enfant par exemple.

J’ai noté la phrase « après 40 ans les femmes sont bonnes à jeter, plus personne ne veut de nous », j’ai trouvé que ce propos sonnait particulièrement faux dans la bouche d’une philosophe. Les femmes qui pensent cela, ce sont des femmes qui ont investi dans la beauté et la jeunesse. Comment une philosophe qui est une personne « sage » de nature a pu investir dans la la beauté ? Il n’y a qu’a voir comment elle vit sa rupture. « Ah tu me quittes ? C’est dommage j’aimais bien la maison à la Bretagne ». Quand on pense que l’on est bon a jeter, je pense c’est que l’on investi surtout dans la relation sexuelle. Voir pire que tous les hommes sont des cochons (on des DSK si vous préférez) et ne sont pas capables de partager du bonheur autre et des relations intellectuelles. Je trouve cela moyen pour une philosophe …

Au autre passage qui m’a énormément plu, quand elle est chez le curé. Elle fait un parallèle sans cesse entre la vie de sa mère et la vie que lui a construit sa mère. Sa mère a donc essayé de faire réaliser à sa fille ce que elle n’avait pas pu. En l’occurence c’était l’accès à la connaissance. Elle a donc fait en quelque sorte « une analyse ». Sauf que comment peut-elle dire « après 40 ans les femmes sont bonnes à jeter, plus personne ne veut de nous » alors que c’est exactement une phrase que pourrait dire sa mère. Car sa mère s’est construit dans le culte de la beauté : « ancien mannequin » …. finalement elle n’a pas encore fini son analyse. Elle va devoir retourner sur le divan 🙂 et sans DSK 😉

L’autre phrase que j’ai noté c’est quand elle a dit « je m’étais préparé a cette rupture ». Cela veux dire quoi se préparer à une rupture avec son conjoint ? Cela veut dire anticiper? Et donc moins aimer l’autre, et moins partager de chose … mais ce n’est pas cette « préparation » qui finit par provoquer la rupture. Pour moi il ne peut pas y avoir de préparation, si on aime une personne on lui montre tous les jours et de plus en plus. Cela n’a pas de sens pour moi. Le secret du couple c’est être heureux soit-même pour ensuite le transmettre à l’autre.

Quand on a 17 ans (2016) par André Téchiné

J’ai du mal à parler de ce film mais essayons! Tout d’abord, on y trouve nombre d’oppositions.

  • L’élève fils fermier (travail le matin, bus loin, ..) et celui de la ville.
  • Le mauvais élève et le bon élève (au début du film)
  • Le militaire et le docteur.
  • L’un qui reconnait son désir et l’autre qui le refuse (au début)

C’est peut-être cet ensemble d’oppositions qui m’ont empêcher de croire à la crédibilité de l’histoire, même si elle est belle et merveilleusement filmée. Les montagnes enneigées sont magnifiques, j’avais presque envie de faire une randonnée. Ou alors peut-être que le manque de crédibilité vient du fait de voir la démarche du fermier quand il marche dans la montagne, il fait des sauts en marchant. J’ignore combien de kilomètres on doit faire avec une telle marche 😉 . J’aimerai pouvoir plonger comme le fermier dans un lac en haut d’une randonnée sans mourrir d’une hydrocution.

Ce film aborde la problématique de la recherche de soi et de la sexualité à 17 ans. Cela commence par de la violence pour finir par de l’amour, c’est le désir inavouable qui ressort de cette relation … et pour mieux que le spectateur comprenne on a même droit à la définition du désir et la définition du besoin au moment des révisions du bac de ces deux jeunes. On à même droit à un extrait du banquet de Platon! Les petites phrases que j’ai retenu :

« Il vaut mieux une mère alcoolique, qu’une mère dépressive »

, ou encore le passage sur le deuil (le meilleur dialogue à mon avis, sur les conseils de personne suite à la mort d’un proche):

« – Merci.

  • Mais de quoi, je n’ai rien dis et je ne sais pas quoi dire
  • Merci justement d’avoir rien dit… »

Je remarque que les scènes sexuelles de La vie d’Adèle étaient hautement plus hard (et plus nombreuses) m’avaient moins dérangé que celles-ci qui sont plutôt soft. Finalement je préfère la version féminine de « je découvre mon désir à 17 ans ». Enfin ce que je veux dire c’est qu’heureusement pour moi qu’Abdellatif Kechiche n’a pas fait la version mâle car je ne suis pas encore prêt 🙁 . A mon avis pour avoir une scène telle que celle de la vie d’Adèle, il aurait fallu que cela soit une femme qui tourne une scène entre homme. A l’époque j’avais bien aimé ce commentaire : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1427189-scenes-de-sexe-dans-la-vie-d-adele-oui-les-realisatrices-ont-un-regard-different.html 

Mélanie Laurent, la réalisatrice de « Respire », a déclaré récemment : « Quand je vois ‘La vie d’Adèle’, ce long plan sur une scène de sexe, juste du sexe, du sexe et encore du sexe pendant près de 20 minutes, je me sens mal pour elles. Je ne trouve pas ça excitant. J’ai aimé le film, mais pas cette partie. (…) Quand je vois une femme filmer une autre femme, je sens la différence. Notamment dans les films avec des intrigues réellement sexuelles ».

En réfléchissant bien il devait surement y avoir une part de voyeurisme masculin qui fait que la Vie d’Adèle passait mieux, et cela il faut l’assumer 🙁 . Ce film aura eu le mérite de m’ouvrir les yeux sur cette problématique. Je le conseille donc à tous les hommes (avec un petit h) avec avant la visualisation de la Vie d’Adèle.